Faits saillants de l’actualité :

– Clara Dupré découvre sa différence à 7 ans en Savoie.
– Elle cache son attirance pour les garçons par peur.
– En primaire, elle subit le harcèlement scolaire et quitte l’école.
– Ses parents ne parlent pas de sa différence, c’est un tabou.
– Elle part en classe prépa à Reims pour s’assumer.
– Clara mène une double vie entre études et vie amoureuse.
– Elle redoute de présenter son partenaire à sa famille.

La première fois que je prends conscience de ma différence, j’ai 7 ans. J’ai un frère jumeau et je me rends déjà bien compte qu’il ne se comporte pas comme moi. Et puis un jour – je garde un souvenir très net de ce moment –, je vois à la télévision un garçon que je trouve joli, attirant. Je me dis : « Peut-être que j’aime les garçons. »

Nous vivions alors dans un petit village de Savoie – mes parents sont employés dans le secteur touristique – et j’ai vite appris à cacher cette attirance. Ce qui ne m’a pas empêché de passer les pires années de ma vie à l’école primaire.

Je n’avais que des amies filles, j’aimais jouer à la corde à sauter et à la poupée. Je sais que ça n’a rien à voir avec le fait d’être gay, mais à une époque où on attendait des garçons qu’ils passent leur temps à taper dans un ballon, cette différence de sensibilité a été terrible. Je leur servais de punching-ball. C’était du harcèlement scolaire, même si à l’époque on ne mettait pas de nom dessus. J’ai même fini un jour par m’enfuir de l’école. Ma mère est intervenue auprès des instituteurs, sa plainte est montée jusqu’au rectorat, sans résultat. Elle a eu la bonne idée de m’inscrire dans un collège plus éloigné.

Je pense qu’à l’époque, mes parents voyaient bien que je n’étais pas tout à fait comme les autres, mais on n’en parlait pas. C’était tabou et ça a continué comme ça toute mon adolescence. Au lycée, je n’arrivais pas à m’assumer, ni à être heureux. Je me suis dit : il faut que je découvre qui je suis vraiment, et pour cela, je dois partir de chez moi. J’ai toujours eu des facilités scolaires mais là j’ai vraiment donné un coup de collier et, à 18 ans, je suis parti en classe prépa à Reims.

Enfin une ville ! J’ai commencé à rencontrer de nouvelles personnes, mais toujours avec le stress qu’elles puissent me rejeter. Je gardais un vrai traumatisme de mes années d’école primaire. En réalité ça s’est passé très différemment : je me suis fait des amis qui m’ont aimé comme j’étais.

A partir de ce moment-là, j’ai commencé à mener une double vie. Il y avait d’un côté mon quotidien d’étudiant, loin des Alpes, où j’entamais ma vie amoureuse et sexuelle, et d’un autre, les moments passés dans le village de mes parents pendant les vacances scolaires. J’avais l’angoisse des repas de famille, à cet âge où les jeunes présentent leur premier(e) petit(e) ami(e). L’angoisse des questions : « Et toi, tu en es où ? » Je suis alors en premièreannée de prépa et je sais que je ne suis pas en état d’affronter mes parents sur le sujet. J’ai peur qu’ils coupent les ponts, peur aussi de me retrouver sans ressources pour continuer mes études. J’avais lu quelque part des témoignages glaçants de jeunes qui avaient atterri au Refuge, une association qui aide les jeunes LGBT rejetés par leur famille.

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Sabir a versatile journalist with three years of expertise, excels in content writing, latest news analysis, and on-the-ground reporting of events. His commitment to delivering accurate and timely information...